🍑 L’abricotier : un défi possible en Belgique

L’abricotier (Prunus armeniaca) est un arbre fruitier très apprécié pour ses fruits sucrés et juteux. Mais en Belgique, l’abricotier reste délicat à cultiver à cause de notre climat humide et frais. Les gelées tardives endommagent le floraison précoce, et certaines maladies peuvent fragiliser l’arbre. Pourtant, avec les bonnes variétés, des soins adaptés et un peu de patience, il est possible de récolter de beaux abricots dans nos jardins.

Aux Pépinières de la Hunelle, nous avons sélectionnés plusieurs variétés à floraison plus tardive afin d’observer leur comportement en Belgique. Nous avons également été visiter le Centre Fruitier Wallon dédié à la culture de l’abricot en Belgique. Dans cet article, vous retrouverez un résumé des explications reçues du Centre Fruitier ainsi que notre propre retour d’expérience sur cette culture !

🌱 Quelles variétés d’abricotiers choisir en Belgique?

Pour réussir, il est essentiel de choisir des variétés rustiques et tardives, mieux adaptées à notre climat. Aux pépinières de la Hunelle, nous avons plantés différentes variétés d’abricotiers, avec des floraisons assez tardives et nous avons pu commencer à observer le comportement des arbres et des fruits. Pour le moment, sur la quinzaine de variétés plantées, voici les variétés qui semblent bien se comporter chez nous :

‘Hargrand’ : variété rustique, floraison tardive, fruits orangés, gros calibre, bonne qualité gustative, récolte mi-juillet, arbre vigoureux, pas de gommose
‘Hongaarse’ : très gros fruit, orange avec un peu de rouge, récolte mi-juillet, arbre vigoureux, pas de gommose
‘Trosorange’ : pas de gommose, fruit assez petit mais savoureux, récolte mi-juillet
‘Orangered’ : pas de gommose observée, belle vigueur, pas encore de fruit cette année
‘Bergeron’ : variété traditionnelle, pas de gommose observée, pas encore de fruit.
‘Rouge de Mauve’ : belle vigueur, pas de gommose observée
‘Luizet’ :arbre plus âgé chez nous et pas beaucoup de gommose, assez vigoureux, très productif, fruits de bon calibre, tardif, les abricots arrivent à maturité fin août.
‘Royal’ : très bon fruit, maturité mi-juillet, présente un peu de gommose.

🌿 Comment entretenir un abricotier en Belgique?

Exposition : plein soleil, endroit abrité du vent, éviter les cuvettes qui gardent le froid et sont plus exposées aux gelées
Sol : léger, drainé (éviter les sols trop humides).
Taille : légère, privilégier l’aération de la couronne. L’abricotier cicatrise mal → éviter les grosses tailles et tailler l’arbre après sa fructification en août-mi-septembre ou en début de floraison en mars-avril. Si la taille est réalisée au printemps, elle permet aussi de sélectionner les fleurs et donc les fruits qu’on laissera sur l’arbre. Si une année, on a beaucoup de fleurs, on pourra tailler un peu plus. En juin, on pourra retailler les gourmands à 20cm.
Arrosage : modéré, éviter l’excès d’eau.
Fertilisation : compost bien mûr, éviter l’azote en excès.

🌸 Maladies et problèmes fréquents de l’abricotier

1. Moniliose (brûlure des fleurs et pourriture des fruits)

La moniliose, ou pourriture brune, est une maladie causée par le champignon Monilinia laxa. Il survit l’hiver sur les fruits momifiés et les branches infectées, et se propage au printemps via des spores dispersées par le vent et la pluie. Les fleurs et les fruits jeunes sont particulièrement sensibles ; l’infection fait brunir et flétrir les fleurs, puis pourrit les fruits en formant parfois des masses de spores grisâtres. En général, la maladie se développe surtout lors des périodes humides et tempérées, et peut rester latente jusqu’à maturité. Pour la prévenir, il est essentiel de :

- retirer tous les fruits tombés ou momifiés,
- d’élaguer les branches malades et
- d’assurer une bonne aération du feuillage.
- Il faut éviter autant que possible les blessures et l’excès d’humidité autour des arbres.

Pour diminuer la pression de la maladie, vous pouvez réaliser des traitements préventifs (bouillie bordelaise, macération huileuse à l’ail, décoction de prêle). Afin limiter la pourriture des fruits post-récolte, il faut assurer une récolte délicate pour éviter les blessures qui sont une porte d’entrée du champignon et conserver les fruits au frais. La clé pour limiter durablement la moniliose, c’est de maintenir une bonne hygiène du verger.

2. Gommose (écoulement de gomme sur le tronc)

La gommose est un symptôme fréquent chez l’abricotier, qui se traduit par l’exsudation d’une résine ambrée au niveau du tronc ou des branches (écoulement de gomme). Ce n’est pas une maladie en soi, mais une réaction de défense de l’arbre face à un stress ou à une agression.

L’exsudation de gomme (résine) chez les Prunus est bien un mécanisme de défense pour plusieurs raisons :

Isolation de la zone infectée ou blessée : la gomme se forme autour des tissus nécrosés et agit comme une barrière physique qui limite la progression des bactéries, champignons ou insectes dans le bois.
Fermeture des plaies : elle colmate mécaniquement les fissures ou les blessures, réduisant les risques d’entrée de nouveaux pathogènes.
Effet chimique : la gomme contient divers polysaccharides, composés phénoliques et substances aux propriétés antimicrobiennes. Ces éléments peuvent freiner la croissance de certains microorganismes.
Gestion des déséquilibres internes : la sécrétion de gomme permet aussi à l’arbre de « purger » des composés toxiques ou de l’eau en excès accumulés dans ses tissus, un peu comme une soupape de sécurité.

En résumé, la gommose n’est pas anodine : elle montre que l’arbre lutte activement. Mais ce mécanisme a ses limites : si la cause persiste, l’arbre continue à perdre de l’énergie et peut s’affaiblir fortement.

Les causes sont multiples : blessures mécaniques, gel, excès d’eau ou de fertilisation, mais aussi infections par des agents pathogènes. Les plus fréquents sont la bactérie Pseudomonas syringae, responsable du chancre bactérien, et plusieurs champignons opportunistes comme Cytospora (ou Leucostoma) et Botryosphaeria. Ces micro-organismes pénètrent généralement par des plaies de taille ou des tissus fragilisés, puis détruisent le cambium, provoquant nécroses et sécrétion de gomme. L’humidité, les températures fraîches et les arbres affaiblis favorisent la maladie.

Pour limiter son apparition, il est essentiel de :

maintenir la vigueur des arbres,
d’éviter les excès d’azote,
de pratiquer des tailles propres en période sèche et
de désinfecter les outils.

L’élagage des branches atteintes et l’application préventive de cuivre en période de repos végétatif permettent de contenir les infections bactériennes. En résumé, la gommose traduit toujours un déséquilibre et appelle à corriger les causes sous-jacentes.

Sensibilité aux gelées printanières

Les fleurs et les jeunes fruits gèlent à -1,5°C.

Installer des voiles d’hivernage ou protéger avec des bougies antigel.
Installer l’arbre à un endroit le plus abrité possible du froid : contre un mur ou une haie par exemple.
Choisir des variétés à floraisons tardives

🍑 En résumé

Planter un abricotier en Belgique demande un peu de savoir et savoir-faire. Mais une fois bien informé, quel plaisir de récolter ses propres abricots, sains et savoureux, tout en créant un coin de Méditerranée dans votre jardin.